Pièces de la collection Akari Unfolded, hommage à Isamu Noguchi, pour le Noguchi Museum de New York, les lampes Galet du studio YMER&MALTA sont le fruit d’une innovation inattendue enrichissant d’un nouveau processus l’univers de la sculpture en résine.
Dessinés comme des sculptures rondes et pleines, les Galets se façonnent en creux grâce à un processus innovant mêlant au sable naturel des matériaux modernes. Comme la lumière qui les modèle, les Galets touchent à l’intemporalité.
Design et création
Préférant apprivoiser la versatilité de la lumière naturelle plutôt que s’essayer à la dompter, Isamu Noguchi dessina et sculpta des formes capables de plaire à la lumière. Lui offrant humblement des surfaces où jouer d’émanations nuancées, il se fit l’interprète sensible de son harmonie. Les paisibles Akari de papier diffusent une lumière douce et feutrée, écho des rochers et galets doux et ronds des jardins japonais.
C’est en se promenant en compagnie de Dakin Hart à l’ombre du jardin new yorkais dessiné par Noguchi que Valérie Maltaverne imagine des galets aux reflets dorés, des lampes signées YMER&MALTA comme un hommage poétique au sculpteur et designer japonais.
Sur les dessins réalisés en collaboration avec le designer Sylvain Rieu-Piquet, cinq galets trouvent un équilibre parfait. Ces cairns modernes modelés au fil de la journée par la lumière changeante, restituent une chaleur granitique à la tombée de la nuit.
C’est d’abord la résine mêlée de lin qui est envisagée pour matérialiser la surface lisse et apaisante des galets. Rapidement pourtant, le sable vient remplacer le lin, promettant mieux que tout autre matériau de transformer les lampes en des œuvres sculpturales empreintes d’une forte minéralité.
Une fois les dessins soumis aux artisans, les réponses de ces derniers sont aussi unanimes qu’insatisfaisantes : le processus de moulage en résine exige une stratification des pièces en deux parties distinctes puis un joint permettant de les réunir. Or, l’esthétique des galets tient précisément à l’évocation d’une masse minérale pleine et lisse, comme de parfaites émanations polies par l’eau et le temps.
Pour faire disparaître ce joint disgracieux, Valérie Maltaverne doit faire innover le processus même de création des pièces en résine. La technique du rotomoulage permet de mouler une pièce en répartissant de manière uniforme la matière par un mouvement de rotation. Elle semble la mieux indiquée pour réaliser les galets. Se posent alors deux problèmes. D’abord celui de la matière première ; la résine epoxy n’est pas adaptée au rotomoulage. Seule la résine liquide, très transparente, est ici adaptée et magnifiera les grains de sable qu’on y mélangera pour atteindre un grain minéral proche du granit. Ce choix amorce le second niveau de complexité de la réalisation des galets : trouver un artisan capable de faire innover la matière en y incorporant les couches successives de sable dans une machine qui n’a pas été créée pour répondre à ce besoin ou à ce nouveau matériau.
Innovation
Le chemin d’YMER&MALTA croise opportunément celui d’un ingénieur éolien intrigué par ce défi technologique. Le studio fait l’acquisition d’une machine de rotomoulage et la met à sa disposition. Sous l’impulsion de Valérie Maltaverne, cet ingénieur va multiplier les essais et persévérer jusqu’à parvenir à trouver le dosage précis de résine liquide, de sable et de fibrette de verre nécessaire à la réalisation de chaque lampe. Les premiers Galets de petits formats parviennent à temps pour l’exposition Akari Unfolded au Noguchi Museum de New York en avril 2018. Aucun moyen ou grand formats n’a pu être réalisé pendant l’hiver précédent ; tous ont cassé sans qu’on n’en découvre la raison avant l’arrivée des beaux jours. C’est alors que la hausse des températures va livrer la clef de ce mystère et résoudre le problème de production de tous les formats des Galets. Le mélange de résine liquide, de sable et de fibrette se révèle intolérant au froid. Une différence d’un degré suffit pour réduire à néant plusieurs heures de rotomoulage et impose à l’atelier, de fait, un rythme saisonnier.
Forte de cette découverte, la production des petits, des moyens et des grands Galets profite au mieux de l’été, bien que chaque pièce nécessite selon son format entre 9 et 12 heures de rotomoulage et une attention de chaque instant. Soigneusement, il faut verser en les alternant les couches de résine puis celles de sable, renforcer l’une et l’autre de fibrette de verre pour garantir la rigidité de chaque lampe. Une fois la pièce terminée, il faut encore poncer les arêtes pour parvenir à rendre la surface aussi lisse et douce qu’un galet.
Des lampes sculpturales uniques
Un peu plus d’une année de recherches aura été nécessaire pour créer la première lampe. Pour la première fois, une pièce en résine est réalisée en combinant les techniques de stratification et de rotomoulage, pour obtenir un volume creux, sans aucun joint, grâce à une innovation développée en France. À la suite des fonderies de bronze du XIXe et du XXe siècles éditant les plus célèbres sculptures à cire perdue sans soudure, YMER&MALTA inscrit désormais ce processus de fabrication en résine dans la tradition sculpturale française.
En mélangeant du sable à la résine liquide transparente, la matière gagne en caractère et en unicité. Le mouvement continu du rotomoulage amène patiemment chaque grain de sable à trouver sa place au cours des longues heures de fabrication. Chaque lampe possède une empreinte minérale qui lui est particulière. Pour chaque Galet, un pied unique est réalisé en fonction de la dimension de l’ouverture laissée par la machine, comme la trace du pontil sur le verre. Enfin, les Galets sont délicatement poncés à la main et adoucis de cire d’abeille. À la vue comme au toucher, la lampe atteint la même matérialité veloutée et mate que les galets roulés par la houle. Leur minéralité s’incarne encore par un poids qui surprend : les lampes Galets sont solides et plus lourdes que les résines industrielles réalisées par rotomoulage.
Ancrées dans le sol comme les galets le sont dans le sable, ces lampes brossent un hommage tout en nuances à Isamu Noguchi, de ses lampes Akari à ses jardins japonais où le minéral est tout entier l’objet d’une contemplation méditative.
